「L'ANNOCE FAITE A MARIE (マリアへのお告げ、P. Claudel)」 1 幕、3 場 (3)
JACQUES HURY.
― Qu'il soit fait à votre volonté.
ANNE VERCORS.
― Violaine !
Mon enfant née la première à la place de ce fils que je n'ai pas eu !
Héritière de mon nom en qui je vais être donné à un autre !
Violaine, quand tu auras un mari, ne méprise point l'amour de ton père.
Car tu ne peux pas rendre au père ce qu'il t'a donné, quand tu le voudrais.
Tout est égal entre les époux ; ce qu'ils ignorent, ils l'acceptent l'un de l'autre dans la foi.
Voici la religion mutuelle, voici cette servitude par qui le sein de la femme se gonfle de lait !
Mais le père voit ses enfants hors de lui et connaît ce qui était en lui déposé. Connais, ma fille, ton père !
L'amour du Père
Ne demande point de retour et l'enfant n'a pas besoin qu'il le gagne ou le mérite ;
Comme il était avec lui avant le commencement, il demeure
Son bien et son héritage, son recours, son honneur, son titre, sa justification !
Mon âme ne se sépare point de cette âme que j'ai communiquée.
Ce que j'ai donné ne peut être rendu. Connais seulement que je suis, ô mon enfant, ton père !
Et aucun mâle ne m'est issu. Tout est une femme de ce que j'ai mis au monde,
Rien que cette chose en nous qui donne et qui est donnée.
― Et maintenant l'heure est venue pour nous de nous séparer.
; en qui je vais être donné à un autre : お前は私の愛し子なのだから ? Mara 可哀そう。
; il demeure... son héritage : le père demeure l'héritage de l'enfant ?
; Tout est une femme de ce que j'ai mis au monde : ?
VIOLAINE.
― Père ! ne dites point cette chose cruelle !
ANNE VERCORS.
― Jacques, tu es l'homme que j'aime. Prends-la ! Je te donne ma fille Violaine ! Ote lui mon nom.
Aime-la, car elle est nette comme l'or.
Tous les jours de ta vie, comme le pain dont on ne se rassasie pas.
Elle est simple et obéissante, elle est sensible et secrète.
Ne lui fais point de peine et traite-la avec bonté.
Tout est ici à toi, sauf la part qui sera faite à Mara, selon que je l'ai arrangé.
; secrète : 必要なら秘密を守ることもできる ?
JACQUES HURY.
― Quoi, mon père, votre fille, votre bien...
ANNE VERCORS.
― Je te donne tout ensemble, selon qu'ils sont à moi.
JACQUES HURY.
― Mais qui sait si elle veut de moi encore ?
ANNE VERCORS.
― Qui le sait ?
(Elle regarde JACQUES et fait oui sans rien dire avec la bouche)
JACQUES HURY.
― Vous voulez de moi, Violaine ?
VIOLAINE.
― C'est le père qui veut.
JACQUES HURY.
― Vous voulez bien aussi ?
VIOLAINE.
― Je veux bien aussi.
JACQUES HURY.
― Violaine !
Comment est-ce que je vais m'arranger avec vous ?
VIOLAINE.
― Songez-y pendant qu'il en est temps encore !
JACQUES HURY.
― Alors je vous prends de par Dieu et je ne vous lâche plus !
(Il la prend à deux mains)
Je vous tiens pour de bon, votre main et le bras avec, et tout ce qui vient avec le bras.
Parents, votre fille n'est plus à vous ! c'est à moi seul !
ANNE VERCORS.
― Eh bien, ils sont mariés, c'est fait ! Que dis-tu, la mère ?