「L'ANNOCE FAITE A MARIE (マリアへのお告げ、P. Claudel)」 2 幕、3 場 (6 et fin)
VIOLAINE.
― Ainsi vous ne demandez plus à m'épouser, Jacques ?
JACQUES HURY.
― Ne te moque point, fille du diable !
VIOLAINE.
― Tel est ce grand amour que vous aviez pour moi.
JACQUES HURY.
― Tel est ce lys que j'avais élu.
VIOLAINE.
― Tel est l'homme qui est à la place de mon père.
JACQUES HURY.
― Tel est l'ange que Dieu m'avait envoyé.
VIOLAINE.
― " Ah, qui nous arrachera l'un à l'autre ? Je t'aime, Jacques, et tu me défendras, et je sais que je n'ai rien à craindre entre tes bras. "
JACQUES HURY.
― Ne te moque point avec ces paroles affreuses !
VIOLAINE.
― Dis,
Ai-je manqué à ma parole ? Mon âme ne te suffisait point ? As-tu assez de ma chair à présent ?
Oublieras-tu ta Violaine désormais et ce cœur qu'elle t'a révélé ?
JACQUES HURY.
― Eloigne-toi de moi !
VIOLAINE.
― Va, je suis assez loin, Jacques, et tu n'as rien à craindre.
JACQUES HURY.
― Oui, oui,
Plus loin que tu ne l'as été de ton porc ladre !
Ce faiseur d'os à la viande gâtée !
VIOLAINE.
― C'est de Pierre de Craon que vous parlez.
JACQUES HURY.
― C'est de lui que je parle, que vous avez baisé sur la bouche.
VIOLAINE.
― Et qui vous a raconté cela ?
JACQUES HURY.
― Mara vous a vus de ses yeux.
Et elle m'a tout dit, comme c'était son devoir,
Et moi, misérable, je ne la croyais pas !
Allons, dis-le ! mais dis-le donc ! c'est vrai ? dis que c'est vrai !
; dis que c'est vrai = dis si c'est vrai
VIOLAINE.
― C'est vrai, Jacques.
Mara dit toujours la vérité.
JACQUES HURY.
― Et il est vrai que vous l'avez embrassé sur le visage ?
VIOLAINE.
― C'est vrai.
JACQUES HURY.
― O damnée ! les flammes de l'enfer ont-elles tant de goût que vous les ayez ainsi convoitées toute vivante ?
VIOLAINE très bas.
― Non point damnée.
Mais douce, douce Violaine ! douce, douce Violaine !
JACQUES HURY.
― Et vous ne niez point que cet homme ne vous ait eue et possédée ?
VIOLAINE.
― Je ne nie rien, Jacques.
JACQUES HURY.
― Mais je t'aime encore, Violaine ! Ah, cela est trop cruel ! Dis quelque chose si tu as rien à dire et je le croirai ! Parle, je t'en supplie ! dis-moi que cela n'est pas vrai !
VIOLAINE.
― Je ne puis pas devenir toute noire en un instant, Jacques, mais dans quelques mois déjà, quelques mois encore,
Vous ne me reconnaîtrez plus.
JACQUES HURY.
― Dites-moi que tout cela n'est pas vrai.
VIOLAINE.
― Mara dit toujours la vérité et cette fleur aussi sur moi que vous avez vue.
JACQUES HURY.
― Adieu, Violaine !
VIOLAINE.
― Adieu, Jacques.
JACQUES HURY.
― Dites, qu'allez-vous faire, misérable ?
VIOLAINE.
― Quitter ces vêtements. Quitter cette maison. Accomplir la loi. Me montrer au prêtre. Gagner...
JACQUES HURY.
― Eh bien ?
VIOLAINE.
― .... Le lieu qui est réservé aux gens de mon espèce.
La ladrerie là-bas du Géyn,
JACQUES HURY.
― Quand cela ?
VIOLAINE.
― Aujourd'hui. Ce soir même.
(Long silence)
Il n'y a pas autre chose à faire.
JACQUES HURY.
― Il faut éviter le scandale.
Allez vous dévêtir et prendre un robe de voyage, et je vous dirai ce qu'il est convenable de faire.
; un robe : 誤植 ?
(Ils sortent)
SCÈNE IV に続く