Mara の jab は続く。
MARA : Notre joie est grande. Mais la tienne l'est davantage avec Dieu.
Jacques という夫がいて、可愛い娘ができて、私はとっても幸せよ。でも、あなたには神様がいるんだから、もっともっと幸せよね。
「L'ANNOCE FAITE A MARIE (マリアへのお告げ、P. Claudel)」 3 幕、3 場 (2)
MARA.
― Il est facile d'être une sainte quand la lèpre nous sert d'appoint.
VIOLAINE.
― Je ne sais, ne l'étant point.
MARA.
― Il faut bien se tourner vers Dieu quand le reste n'est plus là.
; reste m : les autres que Dieu
VIOLAINE.
― Lui du moins ne manquera pas.
MARA doucement.
― Peut-être, qui le sait, Violaine, dis ?
VIOLAINE.
― La vie manque et non point la mort où je suis.
MARA.
― Hérétique ! es-tu sûre de ton salut ?
VIOLAINE.
― Je le suis de sa bonté, qui a pourvu.
; qui m'a pourvue ma lèpre ?
MARA.
― Nous en voyons les arrhes.
; arrhes [ar] f pl : 前金
VIOLAINE.
― J'ai foi en Dieu qui m'a fait ma part.
MARA.
― Que sais-tu de lui qui est invisible et que rien ne manifeste ?
VIOLAINE.
― Il ne l'est pas devenu plus pour moi que n'est le reste.
; Dieu est moins invisible que le reste ?
MARA ironiquement.
― Il est avec toi, petite colombe, et Il t'aime ?
VIOLAINE.
― Comme avec tous les misérables, Lui-même.
MARA.
― Certes son amour est grand !
VIOLAINE.
― Comme celui du feu pour le bois quand il prend.
MARA.
― Il t'a durement châtiée.
VIOLAINE.
― Pas plus que je ne l'avais mérité.
MARA.
― Et déjà celui à qui tu avais livré ton corps, t'a oubliée.
VIOLAINE.
― Je n'ai pas livré mon corps !
MARA.
― Douce Violaine ! menteuse Violaine ! ne t'ai-je point vu tendrement embrasser Pierre de Craon ce matin d'un beau jour de Juin ?
VIOLAINE.
― Tu as vu tout et il n'y a rien d'autre.
MARA.
― Pourquoi donc le baisais-tu si précieusement ?
VIOLAINE.
― Le pauvre homme était lépreux, et moi, j'étais si heureuse ce jour-là !
MARA.
― En toute innocence, n'est-ce pas ?
VIOLAINE.
― Comme une petite fille qui embrasse un pauvre petit garçon.
MARA.
― Dois-je le croire, Violaine ?
VIOLAINE.
― C'est vrai.
MARA.
― Ne dis donc point que c'est de ton gré que tu m'as laissé Jacques.
VIOLAINE.
― Non, ce n'est pas de mon gré, je l'aimais ! Je ne suis pas si bonne.
MARA.
― Fallait-il qu'il t'aimât encore, étant lépreuse ?
VIOLAINE.
― Je ne l'attendais pas.
MARA.
― Qui aimerait une lépreuse ?
VIOLAINE.
― Mon cœur est pur !
MARA.
― Mais qu'est-ce que Jacques en savait ? Il te tient criminelle.
VIOLAINE.
― Notre mère m'avait dit que tu l'aimais.
MARA.
― Ne dis point que c'est elle qui t'a rendue lépreuse.
VIOLAINE.
― Dieu m'a prévenue de sa grâce.
MARA.
― De sorte que quand la mère t'a parlé,...
VIOLAINE.
― ...C'était Lui-même encore que j'entendais.
; Dieu m'a prévenue de sa grâce de sorte que c'était Lui-même encore que j'entendais.
; この de grâce は prévenir qn de qc : qn に qc を知らせる、の de qc ではない、多分。
; encore は « quand la mère t'a parlé » に接続して、「母さんが話してはいたんだけれど、それでもやっぱり」。
MARA.
― Mais pourquoi te laisser croire parjure ?
; amant / maîtresse parjure
VIOLAINE.
― N'aurais-je donc rien fait de mon côté ?
Pauvre Jacquin ! Fallait-il lui laisser aucun regret de moi ?
MARA.
― Dis que tu ne l'aimais point.
VIOLAINE.
― Je ne l'aimais point, Mara ?
MARA.
― Mais moi, je ne l'aurais pas ainsi lâché !
VIOLAINE.
― Est-ce moi qui l'ai lâché ?
MARA.
― Mais moi, je serais morte.
VIOLAINE.
― Est-ce que je suis vivante ?
MARA.
― Maintenant je suis heureuse avec lui.
VIOLAINE.
― Paix sur vous !
MARA.
― Et je lui ai donné un enfant, Violaine ! une chère petite fille. Une douce petite fille.
VIOLAINE.
― Paix sur vous !
MARA.
― Notre joie est grande. Mais la tienne l'est davantage avec Dieu.