「L'ANNOCE FAITE A MARIE (P. Claudel)」 4 幕、3 場 (5)
VIOLAINE.
私が知っているのはこれだけ。あの子が死んでいたこと、それが突然身体を動かしたこと。
そのとき、命がこの朽ち果てた肉体から一筋の矢のようにほとばしって、私の肉体もまた蘇ったこと。
私は、あの盲目の歯を、容赦することもなく乳首に噛み付くあの歯を知っているは !
JACQUES HURY.
― Qui donc lui a rendu la vie ?
VIOLAINE.
― Dieu seul, et avec Dieu
La foi et le désespoir de sa mère.
JACQUES HURY.
― Mais toi, n'y as été pour rien ?
VIOLAINE.
― O Jacques, à toi seul je dirai un grand mystère.
Il est vrai, quand j'ai senti ce corps mort sur le mien, l'enfant de ta chair, Jacques,...
JACQUES HURY.
― Ah ! ma petite Aubaine !
VIOLAINE.
― Tu l'aimes beaucoup ?
JACQUES HURY.
― Poursuis.
VIOLAINE.
― ... Mon cœur s'est rétréci et le fer a pénétré en moi.
Voilà donc ce que je tenais entre mes bras pour ma nuit de Noël et tout ce qui restait de notre race, un enfant mort !
Tout ce qu'à jamais de toi je posséderais en cette vie.
Et j'écoutais Mara qui me lisait l'Office de cette Sainte Nuit : le tout petit qui nous a été donné, l'évangile de la Joie.
Ah, ne dis pas que je ne connais rien de toi ! Ne dis pas que je ne sais ce que c'est de souffrir par toi !
Ni que j'ignore l'effort et la division de la femme qui donne la vie !
; rétrécir : re + étrécir : rendre plus étroit
; pour MA nuit de Noël !
JACQUES HURY.
― Tu ne dis pas que cet enfant est vraiment ressuscité ?
VIOLAINE.
― Ce que je sais, c'est qu'il était mort, et que tout à coup j'ai senti cette tête bouger!
Et la vie a jailli de moi tout d'un coup en un seul trait et ma chair mortifiée a refleuri !
Ah, je sais ce que c'est que cette petite bouche aveugle qui cherche et ces dents impitoyables !
; mortification < mortificacio : souffrance qu'on s'impose dans l'intention de racheter ses péchés, de se préserver de la tentation
JACQUES HURY.
― O Violaine !
(Silence. ― Il veut se lever. VIOLAINE faiblement l'oblige à rester assis)
VIOLAINE.
― Me pardonnes-tu maintenant ?