LE PRINCE.
Nous allons y être ; oui, les hommes et les femmes de ce temps-là, le monde et ses premières amours vont reparaître à nos yeux tels qu’ils étaient, ou du moins tels qu’ils ont dû être ; ce ne seront peut-être pas les mêmes aventures, mais ce seront les mêmes caractères ; vous allez voir le même état de cœur, des âmes tout aussi neuves que les premières, encore plus neuves s’il est possible.
THE PRINCE.
We are going to be there; yes, the men and women of that time, the world and its first loves will reappear before our eyes as they were, or at least as they must have been; they will perhaps not be the same adventures, but they will be the same characters; you will see the same state of heart, souls just as new as the first, even newer if possible.
ADINE.
Eh bien ! n’avez-vous rien à me dire ?
ÉGLÉ.
Non ; d’ordinaire on me prévient, c’est à moi qu’on parle.
ADINE.
Mais n’êtes-vous pas charmée de moi ?
ÉGLÉ.
De vous ? C’est moi qui charme les autres.
ADINE.
Quoi ! vous n’êtes pas bien aise de me voir ?
ÉGLÉ.
Hélas ! ni bien aise ni fâchée ; qu’est-ce que cela me fait ?
ADINE.
Voilà qui est particulier ! vous me considérez, je me montre, et vous ne sentez rien ! C’est que vous regardez ailleurs ; contemplez-moi un peu attentivement ; là, comment me trouvez-vous ?
ADINE.
Well! have you nothing to say to me?
ÉGLÉ.
No; usually I am warned, it is to me that people speak.
ADINE.
But are you not charmed by me?
ÉGLÉ.
By you? It is I who charm others.
ADINE.
What! you are not very pleased to see me?
ÉGLÉ.
Alas! neither very pleased nor angry; what does that matter to me?
ADINE.
That is strange! you consider me, I show myself, and you feel nothing! It is because you look elsewhere; contemplate me a little attentively; there, how do you find me?