「L'ANNOCE FAITE A MARIE (マリアへのお告げ、P. Claudel)」 1 幕、1 場 (2)
ANNE VERCORS.
― N'as-tu rien de plus à dire ?
LA MÈRE.
― Quoi donc ?
ANNE VERCORS.
― Eh bien ! je m'en vais le chercher.
LA MÈRE.
― Comment, le chercher ? Anne !
ANNE VERCORS.
― Je veux que tout soit réglé incontinent. Je te dirai tout-à-l'heure pourquoi.
; incontinent < in continenti (tempore) : dans un temps continu
LA MÈRE.
― Qu'as-tu à me dire ? ― Anne, écoute-moi un peu... ― Je crains....
ANNE VERCORS.
― Eh bien ?
LA MÈRE.
― Mara
Couchait dans ma chambre cet hiver, pendant que tu étais malade, et nous causions le soir dans nos lits.
Bien sûr que c'est un brave garçon et je l'aime comme mon enfant, presque.
Il n'a pas de bien, c'est vrai, mais c'est un bon laboureur, et il est de bonne famille.
Nous pourrions leur donner
Notre cense des Demi-muids avec les terres du bas qui sont trop loin pour nous. ― Je voulais te parler de lui aussi.
; cense : ferme ou métairie (http://www.cnrtl.fr/definition/cense)
ANNE VERCORS.
― Eh bien ?
LA MÈRE.
― Eh bien rien.
Sans doute que Violaine est l'aînée.
ANNE VERCORS.
― Allons, après ?
LA MÈRE.
― Après ? que sais-tu pour sûr s'il l'aime ? ― Notre compère, maître Pierre,
(Pourquoi est-il resté à l'écart cette fois-ci sans voir personne ?)
Tu l'as vu l'an dernier quand il est venu,
Et de quel air il la regardait pendant qu'elle nous servait. ― Certainement il n'a pas de terre, mais il gagne bien de l'argent.
― Et elle, pendant qu'il parlait,
Comme elle l'écoutait, les yeux tout grands comme une innocente,
Oubliant de verser à boire, en sorte que j'ai dû me mettre en colère !
― Et Mara, tu la connais! Tu sais comme elle est buttée !
Si elle a idée, donc,
Qu'elle épouse Jacques, ― hé là ! Elle est dure comme le fer.
Moi, je ne sais pas ! Peut-être qu'il vaudrait mieux......
; buttée : butée の誤記 ?
ANNE VERCORS.
― Qu'est-ce que ces bêtises.
LA MÈRE.
― C'est bien ! c'est bien ! On peut causer comme ça. Il ne faut pas te fâcher.
ANNE VERCORS.
― Je le veux.
Jacques épousera Violaine.
LA MÈRE.
― Eh bien ! il l'épousera donc.
ANNE VERCORS.
― Et maintenant, pauvre maman, j'ai autre chose à te dire, la vieille ! Je pars.
LA MÈRE.
― Tu pars ? tu pars, vieil homme ? Qu'est-ce que tu dis là ?
ANNE VERCORS.
― C'est pourquoi il faut que Jacques épouse Violaine sans tarder et qu'il soit l'homme ici à ma place.
LA MÈRE.
― Seigneur ! tu pars ? c'est pour de bon ? Et où c'est que tu vas ?
; pour de bon = tout de bon : réellement, véritablement