「L'ANNOCE FAITE A MARIE (マリアへのお告げ、P. Claudel)」 1 幕、1 場 (6 et fin)
LA MÈRE.
― Qui sait si nous n'aurons pas nécessité de toi ici ?
ANNE VERCORS.
― Qui sait si l'on n'a pas nécessité de moi ailleurs ?
Tout est en branle, qui sait si je ne gêne pas l'ordre de Dieu en restant à cette place
Où le besoin qui était de moi a cessé ?
LA MÈRE.
― Je sais que tu es un homme inflexible.
ANNE VERCORS tendrement, changeant de voix.
― Tu es toujours jeune et belle pour moi et l'amour que j'ai pour ma douce Elisabeth aux cheveux noirs est grand.
LA MÈRE.
― Mes cheveux sont gris !
ANNE VERCORS.
― Dis oui, Elisabeth...
LA MÈRE.
― Anne, tu ne m'as pas quittée pendant ces trente années. Qu'est-ce que je vais devenir sans mon chef et mon compagnon ?
ANNE VERCORS.
― ... Le oui qui nous sépare, à cette heure, bien bas,
Aussi plein que celui qui nous a faits jadis un seul.
; branler < brandir < brand : tison, épée
; qui nous a unis
(Silence)
LA MÈRE tout bas.
― Oui, Anne.
ANNE VERCORS.
― Patience, Zabillet ! Bientôt je serai revenu.
Ne peux-tu avoir foi en moi un peu de temps, sans que je sois ici ?
Bientôt vient une autre séparation.
― Allons, mets-moi le repas de deux jours dans un sac. Il faut partir.
LA MÈRE.
― Eh quoi ! aujourd'hui, aujour-d'hui même ?
ANNE VERCORS.
― Aujourd'hui même.
(Elle penche la tête et demeure immobile. Il la serre dans ses bras sans qu'elle fasse un mouvement)
Adieu, Elisabeth !
LA MÈRE.
― Hélas, vieil homme, je ne te verrai plus.
ANNE VERCORS.
― Et maintenant je vais chercher Jacques.
SCÈNE II に続く