「L'ANNOCE FAITE A MARIE (マリアへのお告げ、P. Claudel)」 2 幕、2 場 (2 et fin)
MARA.
― Là ! là ! Que disais-je ? que disais-je ?
JACQUES HURY.
― Tout le monde ici n'est pas de votre sentiment.
MARA.
― Vous parlez de Violaine ? Je rougis de cette petite fille.
Il est honteux de se donner ainsi,
Ame, chair, cœur, peau, le dessus, le dedans et la racine.
JACQUES HURY.
― Je sais qu'elle est entièrement à moi.
MARA.
― Oui.
Comme il dit bien cela ! comme il est sûr de ces choses qui sont à lui ! Brainard de Braine !
Ces choses seules sont à soi que l'on a faites, ou prises, ou gagnées.
; prises : 奪う、犯す
JACQUES HURY.
― Mais moi, Mara, vous me plaisez et je n'ai rien contre vous.
MARA.
― Comme tout ce qui est d'ici sans doute ?
JACQUES HURY.
― Ce n'est pas ma faute que vous ne soyez pas un homme et que je vous prenne votre bien !
MARA.
― Qu'il est fier et content ! Regardez-le qui ne peut se tenir de rire !
Allons ! ne vous faites point de mal ! riez !
(Il rit)
Je connais bien votre figure, Jacques.
; votre figure : votre cœur par votre figure ?
JACQUES HURY.
― Vous êtes fâchée de ne pouvoir me faire de la peine.
MARA.
― Comme l'autre jour pendant que le père parlait,
Riant d'un œil et pleurant sec de l'autre.
JACQUES HURY.
― Ne suis-je pas maître d'un beau domaine ?
MARA.
― Et le père était vieux, n'est-ce-pas ? Vous savez une chose ou deux de plus que lui ?
JACQUES HURY.
― A chaque homme son temps.
MARA.
― C'est vrai, Jacques, vous êtes un grand et beau jeune homme.
Le voilà qui devient tout rouge.
JACQUES HURY.
― Ne me tourmentez pas.
MARA.
― Tout de même, c'est dommage !
JACQUES HURY.
― Qu'est-ce qui est dommage ?
MARA.
― Adieu, époux de Violaine ! Adieu, maître de Monsanvierge, ah, ah !
JACQUES HURY.
― Je vous ferai voir que je le suis.
MARA.
― Prenez l'esprit d'ici alors, Brainard de Braine !
Il croit que tout est à lui comme un paysan, on vous fera voir le contraire !
Comme un paysan qui est à lui tout seul ce qu'il y a de plus haut au milieu de son petit champ tout plat !
Mais Monsanvierge est à Dieu et le maître de Monsanvierge est l'homme de Dieu, qui n'a rien
A lui, ayant tout reçu pour un autre.
C'est la leçon qu'on nous fait ici de père en enfant. Il n'y a pas de place plus altière que la nôtre.
Prenez l'esprit de vos maîtres, vilain !
(Fausse sortie)
Ah!
Violaine que j'ai rencontrée
M'a chargée d'un message pour vous.
; ce que ... de plus adj. : 最も~なもの
; la race altière des Guermantes
; vilain : paysant libre <-> self
JACQUES HURY.
― Que ne le disiez-vous plus tôt ?
MARA.
― Elle vous attend près de la fontaine.
SCÈNE III に続く